Dans son dernier documentaire, Pierre Carles tente de démonter TF1 avec la causticité qui le caractérise, et fustige en filigrane une presse dévolue au pouvoir. Faible argumentation et déclarations péremptoires dans le dossier de presse ébranlent pas mal le sérieux de l'entreprise.

Dans son dernier documentaire, Pierre Carles tente de démonter TF1 avec la causticité qui le caractérise, et fustige en filigrane une presse dévolue au pouvoir. Faible argumentation et déclarations péremptoires dans le dossier de presse ébranlent pas mal le sérieux de l'entreprise.

L'Express

Pour Pierre Carles, pourfendeur de la presse corrompue (Pas vu, pas pris, 1998), tous « les responsables de l'information, même s'ils ne détiennent pas le pouvoir, en sont à la fois les voisins, les serviteurs et les complices ». Il le dit ainsi dans une interview publiée dans le dossier de presse de son dernier film, Fin de concession, où il se demande s'il n'est pas « scandaleux que TF1-Bouygues ait vu sa concession renouvelée automatiquement depuis 1987 ».

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Qu'il se le demande, c'est bien. Qu'il n'apporte pas vraiment de réponse, ça l'est moins. Pierre Carles ne manque pas d'humour, et c'est ce qui sauve son documentaire. Le running gag des appels à Jacques Chancel est hilarant, et il est toujours amusant de revoir Bernard Tapie coachant l'« équipe TF1 » avant que celle-ci ne passe devant la commission d'attribution de la fameuse concession. Mais Pierre Carles peine à apporter de nouveaux éléments, sinon quelques commentaires off d'intervenants - qui ont créé une jolie pagaille médiatique ces dernières semaines, sans pour autant éclairer le débat.

Fin de concession est donc une tempête dans un verre d'eau qui ne prêche que des convaincus. Plus embêtant est la propension de Pierre Carles à se mettre en avant, consacrant un bon tiers du film à remettre en question son efficacité à mener bien son projet. Vu l'intention de départ, on est dans le hors sujet. Et quand il enfourche son cheval de bataille, la dénonciation des médias au service du pouvoir, il dit tout et n'importe quoi dans le fameux entretien du dossier de presse évoqué plus haut.

Par exemple, Pierre Carles aimerait « envoyer la plupart des journalistes et des responsables de l'information en camp de rééducation ou de décervelage ! ». La notion de « camp de rééducation » ne fait-elle pas un peu froid dans le dos ? Si. Virer les incompétents semble plus clair et moins douteux. Et n'est-ce pas un peu simpliste de décréter (toujours dans le dossier de presse) que « les grands médias désinforment et manipulent l'opinion » ? Si, aussi. Le discours de Pierre Carles empêche de s'informer en rond, mais manque singulièrement de nuance et de profondeur dans son argumentation. Ce sera peut-être là le credo de son prochain long-métrage. On s'en réjouit d'avance.

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