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Autoportraits
Lot 1126 bis

Autoportraits

Estimation : 100 / 200€
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En janvier 2000, l’éditeur Léo Scheer publie les Autoportraits ; ce livre retrace l’histoire du processus schizophrénique, de sa crise la plus aiguë, de sa chronification et de sa situation actuelle ». La réception de ce livre de photographies a fait débat. Fallait-il le publier ? Les photos présentées sont-elles montrables, soutenables ? Ne témoigne-t-il pas d’une complaisance au morbide ? Quelques-uns reconnaissent une œuvre qui mérite l’attention, une passion de l’excès de réalité qui nous concerne, une tentative humaine de se donner vie à travers la mort. Ceux qui y décèlent cette tentative vraie rassemblent leurs contributions dans le livre Sur David Nebreda, publié en 2001. Le reste de l’œuvre de David Nebreda comprend Chapitre sur les petites amputations, livre de textes et de photographies paru en 2004, et Sur la révélation, livre composé uniquement de textes.

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Décrire l’œuvre est une gageure impossible : si ce qu’expose la photo avait pu être écrit ou dit, le recours photographique n’aurait pas été nécessaire et l’œuvre, superfétatoire, se réduirait à une obscénité inutile. Précisons cependant les deux bout du fil de son projet vital. David Nebreda a d’abord suivi une tentative extrême au cours de laquelle il a porté atteinte à lui-même afin de se donner naissance dans la mort à travers le témoin photographique capturé par son objectif, c’est le temps des autoportraits. Plus tard il tente de capturer une révélation sans modèle, se faisant tout entier le stigmate d’un acte de pure décision, qui, s’il devait se réaliser, ne pourrait être qu’une première et dernière fois. Que l’œuvre répugne ou fascine, une expérience est incontestable, et celui qui l’a regardée ou lue, pour peu qu’il ait accepté de voir et d’écouter, ne peut plus l’ignorer ni s’en sortir indemne. Ames sensibles, s’abstenir !

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La possibilité d’un corps, « Autoportraits » de David Nebreda. « La nature est mauvaise et la violence est bonne. Dans un contexte où l’on juge la nature négative, la violence, normalement estimée vile et contre-nature, apparaît fatalement juste. De ce point de vue, la nature est la matière, la chair, ce que l’on considère comme la source du mal, du péché. Elle n’a pas été donnée à l’homme pour qu’il la chérisse, mais pour qu’il triomphe d’elle, qu’il la fasse taire. Telle est la conception de David Nebreda qui s’engage dans une violente lutte contre cette nature qu’il documentera à l’intérieur d’Autoportraits, où gloire et abjection se côtoient pour révéler toute l’ampleur de son combat. Les images fracassantes, contre-nature, contenues dans Autoportraits forment non seulement une œuvre, mais aussi un projet utopique. Si le corps de l’auteur représente le réel champ de bataille de celui-ci, un lieu de transformation physique et concret, les représentations qu’il en donne dans son œuvre sont, étant donné leur statut d’images spéculaires, condamnées au domaine de la représentation. Mais l’espoir persiste : la distanciation première avec le corps réel donne place à l’appropriation du corps imaginé qui, à son tour, se pose comme exemplum et par le fait même produit un effet direct sur le réel. En ce sens, l’Utopia, cette île inaccessible que nous a fait découvrir le récit de Thomas More, prend donc dans Autoportraits la forme du corps désiré par Nebreda. Réduire Autoportrait, le premier recueil de photographies de David Nebreda, à ses qualités esthétiques serait faire violence à l’œuvre. Avant leur première exposition en 1998 et leur publication sous la forme d’un recueil, les autoportraits qui composent cette œuvre demeurent, pendant près de trente ans, à l’intérieur des limites de la vie intime de leur auteur. Les quatre séries photographiques de ce premier ouvrage sont le résultat d’un travail obsessionnel qui a lieu lors des quinze années suivant le diagnostic de schizophrénie paranoïde de Nebreda. Les images contenues dans Autoportraits forment non seulement une œuvre, mais également un projet que nous qualifierons d’utopique. Maître de la technique, l’artiste se fait démiurge de sa représentation. Insatisfait de son corps réel, il le projette sur pellicule pour en faire une image plastique bien à lui. Tiraillé entre son corps réel qu’il refuse et son corps imagé qu’il désire, Nebreda cherche à incarner sa propre représentation et à faire de l’utopie de son corps une réalité… » Olivier Masson.

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Rapport de condition

Edition Originale. Paris, Leo Scherer, 2000, 205 pages, dos carré collé, broché, état neuf, avec jaquette d’origine.